Critique

Les indomptés : la fureur de vivre ?

30 avril 2025
Par Lisa Muratore
Daisy Edgar-Jones et Will Poulter dans “Les indomptés”, au cinéma le 30 avril 2025.
Daisy Edgar-Jones et Will Poulter dans “Les indomptés”, au cinéma le 30 avril 2025. ©Metropolitan FilmExport

Attendu ce 30 avril dans les salles obscures françaises, Les indomptés raconte le désir masculin et féminin avec beaucoup de force. Cependant, le film réussit surtout à convaincre grâce à une distribution bluffante, symbole du Nouvel Hollywood. Critique.

Jacob Elordi, Daisy Edgar-Jones et Will Poulter. Pour son premier film, Daniel Minahan (Game of Thrones, House of Cards, Ratched…) a choisi de réunir la nouvelle garde hollywoodienne pour donner vie sur grand écran au roman de Shannon Pufahl, Et nous nous enfuirons sur des chevaux ardents (2022). Rebaptisé Les indomptés, le long-métrage suit Muriel, une jeune femme fiancée à Lee avec qui elle va démarrer une nouvelle vie en Californie. Rapidement, l’équilibre de leur couple va être bouleversé par l’arrivée de Julius, le frère de Lee, un flambeur au passé secret.

Un triangle amoureux va se former, mais Julius va préférer suivre Henry (Diego Calva), un joueur de cartes dont il est tombé amoureux. Cette décision va ébranler les certitudes de Muriel qui, éprise de liberté, va elle aussi se lancer dans l’exploration d’un amour aussi inattendu qu’interdit avec Sandra (Sasha Calle).

Jacob Elordi et Diego Calva dans Les indomptés. ©Metropolitan FilmExport

Trop docile ?

Les indomptés est un film important. En donnant à voir deux relations homosexuelles en parallèle, le drame mis en scène par Daniel Minahan aborde avec tendresse et tragédie la répression des minorités sexuelles dans les années 1950 aux États-Unis.

Mais outre son aspect politique et engagé, cette œuvre est avant tout une démonstration sur le désir masculin et féminin dans ce qu’il de plus complexe à travers la fluidité des genres, mais aussi la brutalité des relations humaines. D’un point de vue intime, Les indomptés questionne la violence du conformisme et cette envie de rompre les chaînes de la répression sociale ainsi que du patriarcat ambiant.

Daisy Edgar-Jones et Jacob Elordi dans Les indomptés. ©Metropolitan FilmExport

À travers une mise en scène subtile, le réalisateur met en place une présentation habile de ces thèmes. Grâce à des dialogues fins, des scènes émouvantes ou encore des séquences d’une grande sensualité, il déploie une atmosphère sophistiquée.

Toutefois, malgré sa profondeur, Les indomptés est un film à deux vitesses qui ne parvient jamais vraiment à offrir la puissance que l’on attendait de lui. La faute, très certainement à son découpage ou à l’enchaînement de certaines scènes qui apparaissent décousues. Il en ressort un manque d’implication dans l’histoire personnelle ou les sentiments des personnages. Cette fureur de vivre n’est jamais vraiment là et le film, sous ses airs sensuels et forts, manque parfois sa cible.

Sasha Calle dans Les indomptés. ©Metropolitan FilmExport

Un casting indomptable

Si on comprend les tourments de Muriel et de Julius, incarnés avec brio par Daisy Edgar-Jones et Jacod Elordi, le film manque d’investissement dans l’écriture des personnages secondaires. Will Poulter et Sasha Calle, malgré un charisme indéniable, se retrouvent sous-exploités. En cause, un film choral ? En tout cas, seul Diego Calva, découvert dans Babylon (2023) de Damien Chazelle, tire son épingle du jeu grâce à un arc narratif « vegasien » qui donne aux Indomptés un air d’Ocean (2001) avant l’heure.

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Par ailleurs, le film se permet certains raccourcis. Des scènes symboliques auraient pu avoir plus de puissance si le long-métrage avait davantage pris le temps de développer ses images et ses métaphores hippiques. On pense notamment au retour de Julius en Californie aux côtés d’un pur-sang, dont la force visuelle et émotionnelle aurait mérité un engagement plus marqué en termes scénaristiques.

La bande-annonce du film Les indomptés.

Après avoir évolué du côté du petit écran, Daniel Minahan offre un long-métrage convaincant. Bien que le film n’échappe pas aux défauts d’une première réalisation, il peut toutefois compter sur des thèmes intimes et engagés, sur une mise en scène parfois ingénieuse, mais surtout sur un casting excellent. Daisy Edgar-Jones, après Normal People (2020) et Twisters (2023) impressionne une nouvelle fois par sa grâce et sa sensibilité.

Jacob Elordi, ténébreux Nate dans Euphoria (2019), n’hésite pas à s’investir dans un rôle complexe afin de donner la réplique à un Diego Calva convaincant. Sasha Calle, après le blockbuster The Flash (2023), déploie une nouvelle palette de jeu, tout comme Will Poulter en époux ambivalent, aussi détestable qu’attachant. Autant de talents émergents du 7e art qui explorent de nouveaux registres et montrent qu’ils ont tout pour devenir les indomptables du Nouvel Hollywood.

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Article rédigé par
Lisa Muratore
Lisa Muratore
Journaliste