
En 2025, le Festival de Cannes célèbre la carrière de l’acteur fétiche de Martin Scorsese. Palme d’or d’honneur en main, Robert De Niro s’est fait, tour à tour, porte-voix du 7e art et pourfendeur de Donald Trump.
« Légende », « acteur inouï », « culte », « incroyable, ahurissante carrière »… Ce matin, Léa Salamé n’a pas lésiné sur les superlatifs sur France Inter. Des mots à la hauteur d’un acteur qui a traversé l’histoire du cinéma comme peu d’autres.
Palme d’or d’honneur au 78e Festival de Cannes, Robert De Niro a illuminé la Croisette par sa présence aussi bien que par ses prises de parole, rares et engagées ces derniers jours. À 81 ans, celui que l’on associe instantanément à Taxi Driver (1976), Le parrain II (1974) ou encore Les affranchis (1990) a encore prouvé, avec la série Zero Day (2025) récemment diffusée sur Netflix, que sa carrière est encore bien vivante.
Une Palme d’or politique
C’est Leonardo DiCaprio en personne, son complice dans Killers of the Flower Moon (2023), qui lui a remis mardi 13 mai la Palme d’or d’honneur, en ouverture du Festival. Face à un public ému, Robert De Niro n’a pas choisi la voie de l’autocélébration. Il a préféré l’alerte, la mise en garde et la colère. L’acteur a dressé un constat sombre de la démocratie américaine, dénonçant un président « inculte », Donald Trump, prompt à sabrer les budgets de la culture et à imposer « 100 % de droits de douane sur les films étrangers ».
« Aux États-Unis, nous luttons d’arrache-pied pour défendre la démocratie que nous avons toujours considérée comme acquise », a-t-il déclaré d’un ton grave, avant d’en appeler à l’action « sans violence mais avec passion ». Et d’enfoncer le clou : « L’art est une menace pour les autocrates. Parce qu’il unit, parce qu’il libère. »
Une voix rare, un message limpide
Cette parole politique, De Niro l’a prolongée sur les ondes de France Inter, au micro de Léa Salamé. Une apparition exceptionnelle, tant l’acteur cultive d’ordinaire la discrétion. Ce jeudi 15 mai à 9h20, il a livré une intervention habitée, où il a de nouveau pointé les dérives d’une Amérique tentée par l’autoritarisme. « Même ceux qui font le mal savent que c’est mal », a-t-il lancé.
« Je ne suis pas engagé politiquement, a-t-il tempéré. Moi, je veux juste vivre ma vie. Mais quand on voit toute cette disruption, toute cette destruction, comment ne pas se demander : qu’est-ce qui se passe ? » Pour lui, l’art reste un rempart essentiel. Un terrain de lutte, et une forme de résistance.
Une rencontre manquée
La tension dramatique de ces interventions a, en revanche, laissé place à une certaine gêne, mercredi, lors d’un rendez-vous scénique entre De Niro et le plasticien JR. Annoncé comme un moment fort du festival, l’échange s’est transformé en auto-promotion confuse autour d’un documentaire consacré au père du comédien.
Beaucoup de festivaliers ont regretté que JR monopolise la parole, enchaînant les digressions. De Niro, lui, s’est contenté de quelques commentaires laconiques, entre deux silences. Certains spectateurs se sont agacés, d’autres ont quitté les lieux avant la fin.