Entretien

[Festival de Cannes 2025] La venue de l’avenir : 5 questions à Vassili Schneider et Paul Kircher

21 mai 2025
Par Agathe Renac
“La venue de l'avenir” sera présenté le 22 mai au Festival de Cannes.
“La venue de l'avenir” sera présenté le 22 mai au Festival de Cannes. ©StudioCanal/Colours of Time/Ce qui me meut/Emmanuelle Jacobson Roques

Pour la première fois de sa carrière, Cédric Klapisch présentera l’un de ses longs-métrages au Festival de Cannes, le 22 mai. À cette occasion, nous avons rencontré Vassili Schneider et Paul Kircher, têtes d’affiche de La venue de l’avenir, pour évoquer ce projet ambitieux.

C’est l’un des films les plus attendus sur la Croisette cette année, et pour cause. Imaginé et piloté par le réalisateur Cédric Klapisch (L’auberge espagnole, En corps, Ce qui nous lie), La venue de l’avenir explore une histoire de famille à travers deux temporalités. D’un côté, il y a Adèle Vermillard, une jeune femme d’une vingtaine d’années qui part à la recherche de sa mère, dans le Paris de 1895.

La bande-annonce de La venue de l’avenir.

De l’autre, il y a quatre cousins réunis en 2025 par l’héritage inattendu d’une maison en Normandie qui cache de nombreux secrets. Cécile de France, Sara Giraudeau, Abraham Wapler, Vincent Macaigne, Julia Piaton, Zinedine Soualem… Le long-métrage est porté par un casting convaincant d’acteurs reconnus et de talents émergents. Parmi eux : Vassili Schneider et Paul Kircher, qui incarnent deux jeunes artistes de la fin du XIXe siècle.

La venue de l’avenir nous emporte dans un voyage touchant et poétique. Qu’est-ce qui vous a plu dans ce projet ?

Paul Kircher : J’aimais beaucoup cette idée de résonance entre la fin du XIXe siècle et le XXIe. J’ai adoré voir ce Paris de 1895, où Barbès et la rue Caulaincourt étaient une prairie où l’on pouvait trouver des pommiers. [Rires] L’autre point fort du film, ce sont les personnages. Il y en a énormément ! Certains se rencontrent, d’autres non, mais il se passe toujours plein de choses. C’est propre au cinéma de Cédric Klapisch, que j’adore. Je me demandais ce que ce grand mélange allait donner.

Vassili Schneider, Suzanne Lindon et Paul Kircher dans La venue de l’avenir.©StudioCanal/Colours of Time/Ce qui me meut/Emmanuelle Jacobson Roques

Vassili Schneider : Pour moi, c’était aussi le désir de travailler avec Cédric Klapisch qui est un réalisateur que j’admire depuis toujours et dont la spécialité est justement de filmer la jeunesse. J’étais très intéressé par le fait d’explorer précisément cette période de la vie, à cette époque-là. Ce qui est fascinant, c’est que cette jeunesse d’il y a 100 ans est finalement assez proche de la nôtre, mais elle évolue dans un monde totalement différent.

Quel enseignement retient-on d’un tournage de Cédric Klapisch ?

V. S. : C’est un réalisateur qui dirige ses acteurs d’une manière très précise, et c’est génial. Il nous donne des indications très claires tout en nous laissant une grande liberté. Il est ouvert aux propositions. On n’est jamais abandonné ou lâché dans la nature : on sait exactement ce qu’on doit faire, mais, en même temps, on peut lui proposer quelque chose de différent. Pour moi, c’est vraiment la meilleure façon de travailler avec un réalisateur. J’ai adoré cette collaboration.

Vincent Macaigne, Zinedine Soualem, Julia Piaton et Abraham Wapler dans La venue de l’avenir.©StudioCanal/Colours of Time/Ce qui me meut/Emmanuelle Jacobson Roques

P. K. : Il s’intéresse profondément aux autres. Il y a chez lui une forme de calme dans la recherche et dans l’attention qu’il nous porte. Il est aussi très doué pour rassembler, il prend plaisir à réunir beaucoup de monde autour de lui.

Le film aborde des thématiques très personnelles, comme la famille, les relations, mais aussi le lien à travers le temps. Ces sujets ont-ils particulièrement résonné en vous ?

V. S. : J’ai toujours voulu enquêter sur mon passé, savoir qui étaient mes grands-parents et arrière-grands-parents. Le problème, c’est que j’ai peu d’informations sur eux, donc je n’ai jamais vraiment pu réaliser ce travail de recherche. Pourtant, le fait d’imaginer la vie qu’ont pu mener mes arrière-grands-parents me fascine. Par exemple, une partie de ma famille a vécu en Russie – ma grand-mère est Russe – et quand j’imagine leur vie là-bas, qui était totalement différente de la mienne aujourd’hui, je trouve ça incroyable. Je suis triste de ne pas avoir accès à cette partie de mon histoire, parce que je suis persuadé que ça m’aiderait à mieux comprendre qui je suis aujourd’hui.

Paul Kircher dans La venue de l’avenir.©StudioCanal/Colours of Time/Ce qui me meut/Emmanuelle Jacobson Roques

P. K. : Notre culture, notre éducation et notre histoire ont forcément eu un impact sur la personne qu’on est devenue. J’adore passer du temps avec ma grand-mère, parce qu’elle me raconte des histoires sur notre famille. Dans le film, les personnages font des recherches sur leurs ancêtres, mais ça leur permet de rencontrer leurs cousins et de mieux comprendre qui ils sont. Finalement, cette histoire familiale les rassemble.

Dans La venue de l’avenir, vous incarnez deux jeunes artistes qui grandissent à la fin du XIXe siècle. Qu’est-ce qui vous plaisait dans l’idée de jouer dans un film d’époque et quels challenges ce type de production implique-t-il ?

V. S. : Ce que je trouve fascinant avec les films d’époque, c’est leur capacité à nous faire entrer dans un monde complètement différent. J’adore préparer ce genre de rôle et plonger dans d’autres univers – comme un job, un état émotionnel, ou même une époque. C’est l’une des missions que je préfère dans mon métier. Dans le cadre de La venue de l’avenir, j’ai lu des tas de bouquins pour découvrir comment vivait la jeunesse au XIXe siècle et comment fonctionnaient les appareils photo à ce moment-là – puisque mon personnage est photographe. C’était fascinant.

Fred Testot et Vassili Schneider dans La venue de l’avenir.©StudioCanal/Colours of Time/Ce qui me meut/Emmanuelle Jacobson Roques

J’ai adoré regarder des images du Paris de 1895, voir à quoi ça ressemblait vraiment, imaginer tout ce que cette ville représentait à cette époque. C’est fou de se dire que toute cette vie, toutes ces personnes ont vécu juste ici. Dans la même ville que nous. C’est la même zone géographique, mais aujourd’hui, tout est complètement différent. Pour moi, cette capacité à nous plonger dans un autre univers est la définition même du cinéma.

Le film sera présenté au Festival de Cannes le 22 mai. Comment appréhendez-vous ce moment ?

V. S. : Je suis trop content, parce que c’est le festival de cinéma le plus prestigieux et on a beaucoup de chance d’y présenter notre film. D’autant plus que c’est la première fois de Cédric Klapisch – ce qui est quand même dingue. Je suis tellement heureux de partager ce moment avec lui, mais aussi avec toute l’équipe. On va retrouver des acteurs avec qui on n’a pas tourné, mais qui sont aussi dans le film, comme Abraham Wapler, Vincent Macaigne et Zinedine Soualem. On n’a pas eu de scènes ensemble, mais on va faire cette montée des marches en équipe, et ça, ça va être vraiment fort.

P. K. : Ça va être un beau moment. Je suis persuadé que les spectateurs vont prendre du plaisir à regarder notre film. Ça va être la fête !

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Article rédigé par
Agathe Renac
Agathe Renac
Journaliste