
La créatrice de Maid signe une nouvelle série réunissant Meghann Fahy, Julianne Moore et Milly Alcock dans une comédie dramatique mêlant manipulation et emprise.
À l’origine, c’est leur chant qui combla le cœur des marins, les poussant à se jeter à la mer pour les rejoindre. Ulysse lui-même céda presque à la tentation, solidement attaché au mât de son navire. Depuis l’Odyssée, les sirènes ont changé de forme, mais pas de fonction. Dans la culture contemporaine, elles incarnent tantôt la douceur d’Ariel (La petite sirène), tantôt une figure sournoise, manipulatrice, entre séduction et menace.
Pas de queue de poisson en vue dans Sirens, nouvelle mini-série disponible sur Netflix à partir du 22 mai, mais un titre qui laisse entendre la même mélodie vénéneuse. Créée par Molly Smith Metzler, déjà à l’origine de Maid, cette œuvre transpose les mythes d’emprise et de pouvoir dans les salons d’une élite new-yorkaise, entre parodie sociale et thriller psychologique.
Les coulisses de la bourgeoisie new-yorkaise
L’histoire se déroule le temps d’un week-end dans la somptueuse propriété insulaire de la famille Kell, au nord de l’État de New York. Devon, issue de la classe ouvrière, débarque dans ce décor de carte postale pour « sauver » sa sœur Simone, tombée sous la coupe de Michaela Kell, une philanthrope mondaine à l’autorité aussi lisse qu’implacable.

Le récit oscille entre comédie noire, satire et suspense à huis clos. Devon pense que sa sœur entretient une relation toxique avec sa patronne. Mais dans cette bulle dorée où se prépare un gala pour la protection des rapaces – littéralement –, la jeune femme se heurte à une mécanique huilée, où la loyauté est une monnaie d’échange et la vérité, une marchandise en solde.
Un trio féminin
Ici, Meghann Fahy incarne Devon DeWitt. Connue pour son rôle de Daphne dans The White Lotus, qui lui a valu une nomination aux Emmy Awards, Fahy s’éloigne de l’univers des femmes glamour pour camper un personnage cabossé. « Devon est un peu de tout ça à la fois, a-t-elle confié à Tudum. Héroïne, antihéros, martyr. »

Face à elle, Julianne Moore, oscarisée pour Still Alice, joue Michaela, figure de sirène contemporaine. Le Guardian la décrit comme un « vampire émotionnel insidieux », une « gourou du développement personnel » qui conclut ses « conversations par l’étrange mantra pseudo-spirituel “Hé hé”, comme si elle tentait d’invoquer l’esprit du poulet de Vaiana. »
Milly Alcock (House of the Dragon) complète ce trio en interprétant Simone, l’assistante silencieuse et dévouée, qui vaporise de la lavande sur les sous-vêtements de sa patronne et compose même ses sextos.
Une distribution cinq étoiles
Autour de ce trio, on retrouve Kevin Bacon (Footloose) dans le rôle de Peter Kell et Glenn Howerton (Philadelphia) interprète un voisin fortuné. La réalisation est signée Kassell, lauréate d’un Emmy pour Watchmen, et la production assurée par LuckyChap Entertainment, la société de Margot Robbie.

Avec ses cinq épisodes, Sirens s’inscrit dans la veine de The White Lotus. Pour The Guardian, « Julianne Moore et Meghann Fahy s’amusent comme des folles dans ce bingefest sauvage ». Mais derrière les gags, la série creuse des thématiques plus profondes : l’ambivalence des relations entre femmes, les rapports de pouvoir, le poids du trauma maternel et l’illusion du bien-être.