
Présentée dans la sélection Cannes Première, cette comédie (romantique) est aussi brillante qu’inattendue. Michael Angelo Covino signe un retour remarqué avec un regard mordant et intelligent sur le couple.
Dès les premières images, le ton est donné : Splitsville est un film drôle, décalé et qui fait du bien. Présenté dans la sélection Cannes Première, le long-métrage signé Michael Angelo Covino est une comédie qui tient ses promesses et nous fait (beaucoup) rire. Pourtant, ce que vit Carey (Kyle Marvin) est un drame. Alors qu’il se rend chez des amis avec Ashley (sa femme, incarnée par Adria Arjona), elle lui annonce qu’elle souhaite divorcer après seulement 14 mois de mariage – et de nombreux adultères. Complètement désemparé, le quadragénaire trouve du soutien auprès de Paul (Michael Angelo Covino) et Julie (Dakota Johnson), un couple d’amis proches. Quand ces derniers évoquent leur relation libre, Carey s’interroge : peut-on vraiment dissocier sexe et sentiments ?
Anatomie d’une chute
En suivant le parcours de ces deux duos, Splitsville dissèque avec finesse les relations amoureuses. Le film nous parle du mariage, du temps qui passe, du désir, des regrets, du besoin de nouveauté, de la rupture, mais aussi des compromis. Il explore le couple libre et s’interroge sur ses limites avec beaucoup d’intelligence. Pas étonnant, quand on sait que le long-métrage est écrit et piloté par Michael Angelo Covino, déjà salué à Cannes en 2020 pour The Climb, portrait drôle et cruel de l’amitié masculine.
Découpé en six chapitres dynamiques, le scénario impose une cadence jubilatoire et un humour finement dosé. Loin des films lents et contemplatifs, Splitsville casse son rythme en permanence en proposant de nouvelles intrigues et des rebondissements qui maintiennent notre intérêt de la première à la dernière minute. Michael Angelo Covino a fait le pari de nous surprendre, et ça marche. Les punchlines fusent et les situations rocambolesques s’accumulent, sans jamais tomber dans l’excès.
Les héros du quotidien
Une justesse que l’on retrouve aussi dans la performance des acteurs, tous plus convaincants les uns que les autres. Dakota Johnson brille dans le rôle de mère de famille complexe et piquante, Michael Angelo Covino dans celui du mari impulsif et égoïste, Adria Arjona dans celui de la coach de vie drôle et désinvolte – qui aurait néanmoins mérité plus de lumière – et Kyle Marvin est terriblement attachant en amoureux de l’amour sensible et « trop » gentil.
La véritable réussite de Splitsville réside dans son regard empathique sur ces personnages imparfaits, qui cherchent à réinventer le bonheur et l’amour. C’est un film profondément humain, qui offre aux spectateurs la possibilité de s’identifier à ces (anti)héros du quotidien qui vivent dans un joyeux bordel. Pour autant, l’œuvre n’émet aucun jugement moral ou caricatural sur les relations libres. Elle dresse simplement le portrait d’individus sensibles qui explorent leurs envies et leurs failles. Au-delà du rire, le long-métrage de Michael Angelo Covino nous apporte une réflexion subtile sur la liberté amoureuse et ses paradoxes, et nous laisse un sourire aux lèvres longtemps après la fin du générique.