
Après un deuxième chapitre décevant, les rescapées sont de retour sur Canal+ pour une troisième salve qui divise encore les critiques.
Dès sa sortie en 2021, la nouvelle série d’Ashley Lyle et Bart Nickerson – qui avaient déjà collaboré sur The Originals et Narcos: Mexico – a fait (beaucoup) parler d’elle. Pépite scénaristique et visuelle, Yellowjackets repose sur une idée aussi brillante que terrifiante et suit une équipe de football féminine d’un lycée, après le crash de leur avion au cœur de la forêt.
Le programme nous promettait alors une plongée dans la sauvagerie, titillant nos plus bas instincts avec des flashs de rituels païens et de cannibalisme. Le tout en suivant, 25 ans plus tard, les survivantes adultes hantées par leurs secrets inavouables.
L’été de tous les dangers
Entre Lost et Sa Majesté des mouches, la production est portée par un casting prestigieux et très féminin. On retrouve notamment Melanie Lynskey (Le tatoueur d’Auschwitz), Christina Ricci (La famille Addams), Tawny Cypress (Inez & Doug & Kira), Ella Purnell (Fallout), Sophie Nélisse (La voleuse de livres), Jasmin Savoy Brown (Scream), Sophie Thatcher (Companion) ou encore Sammi Hanratty (Shameless). Après une première saison acclamée par le public et la critique et une deuxième salve jugée décevante, le troisième chapitre, diffusé dès le 26 juin sur Canal+, est attendu au tournant.

Dans les années 1990, les adolescentes profitent de la douceur de l’été. Après un premier hiver marqué par la faim et le sacrifice, la cabane incendiée a laissé place à un campement de fortune, où l’on élève canards et lapins. Dans le présent, la mort de Nathalie pourrait bien avoir des conséquences sur le quotidien des survivantes.
Des journalistes très critiques
À l’international, les avis sont pour le moins nuancés. Pour The Guardian, qui accorde à cette troisième salve la note de 4/5, la série « semble avoir retrouvé son énergie anarchique initiale ». Déçue par la saison précédente, la journaliste assure, après avoir visionné les quatre premiers épisodes, que Yellowjackets est de nouveau « drôle, pétillant, et parfois effrayant », et que « l’humour est également de retour ; un soulagement pour un show sur le cannibalisme adolescent ».

Si la critique affirme que la production « semble avoir compris la nécessité d’un fil conducteur cohérent pour tout relier », elle estime qu’il faudra « peut-être toute la saison pour déterminer s’il a retenu quelque chose d’utile ». Elle salue néanmoins la qualité de la bande-son, « excellente », les longues séquences oniriques hallucinogènes, et sa capacité à maintenir le suspens quant au destin des personnages.
De son côté, The Hollywood Reporter voit dans cette saison une « réinitialisation en douceur ». Si le programme « peine encore à trouver un équilibre idéal », il reste porté par « des performances suffisamment excellentes pour nous captiver ». Le média souligne cependant que la partie adulte de l’intrigue « reste trop dispersée pour prendre de l’ampleur », même s’il loue la finesse avec laquelle les créateurs continuent d’explorer « les subtilités de la dynamique de groupe », mais aussi « le mélange complexe d’amour, de méfiance et de désir ardent qui habite chaque fille ».

« Si cela représente un nouveau départ, la série semble encore incertaine quant à sa direction exacte, affirme le spécialiste. Il y a des moments individuels époustouflants […], des notes drôles et tristes, magnifiquement interprétées par Christina Ricci dans le rôle de Misty […], tandis que Lottie (Simone Kessell) et Walter (Elijah Wood) continuent d’apporter une étrangeté déroutante à l’ensemble. »
Comme un air de déjà-vu
Moins convaincu que ses confrères et consœurs, le journaliste de Forbes a été marqué par la précédente salve. « Le premier chapitre reste l’une de mes saisons télévisées préférées de la dernière décennie, explique-t-il. J’avais placé de grands espoirs dans la suite, ce qui a été une grave erreur. J’aurais dû me méfier de mes attentes, car la deuxième salve a pratiquement tout raté. »
Il admet ressentir des « sentiments très partagés » quant aux nouveaux épisodes, regrettant le fait que « l’intrigue actuelle tourne en rond ». Pour lui, le constat est amer : « Yellowjackets a perdu non seulement ce délicieux côté mystérieux et effrayant qui faisait vibrer l’histoire, mais aussi l’humanité qui rendait ses personnages si captivants. »

Un avis que ne partage pas la presse française. Télérama, qui lui accorde la note de deux T et la mention Bien, estime que « si l’impression de tourner en rond peut lasser, elle dit par ailleurs quelque chose des jeux d’alliance et de rivalité qui rythment la socialisation des adolescentes ». La journaliste remarque que « ce troisième round monte d’un cran dans l’horreur sanglante », mais « abuse des jump scares (“sursauts de peur”) pour nous faire tressaillir, et repousse artificiellement la satisfaction de nos attentes. »

« La série, qui suit également les survivantes et leurs secrets à l’âge adulte, continue néanmoins de divertir, affirme la critique. Merci à la chouette ambiance nineties, assurée musicalement par Cake ou Oasis ; aux dialogues croustillants […] et surtout aux actrices, menée par Christina Ricci, adorablement crispante, et Melanie Lynskey, toujours plus inquiétante. » Cette nouvelle salve de Yellowjackets est donc un plat qui se mange froid, mais qui aurait mérité d’être un peu plus épicé.