Article

Mike Flanagan, poète du petit écran, dans l’ombre de Stephen King

11 juin 2025
Par La rédaction
Mike Flanagan, poète du petit écran, dans l’ombre de Stephen King
©Netflix

Mike Flanagan : ce nom ne vous dit peut-être rien, et pourtant vous côtoyez depuis des années ce fidèle réalisateur Netflix, devenu désormais une figure du genre grâce à ses séries événements, « The Haunting » et « La Chute de la maison Usher ». Retour sur le parcours d’un créateur aussi discret que fantastique, dont le superbe film, « The Life of Chuck », débarque ce 11 juin 2025 au cinéma.

Un réalisateur qui monte, qui monte…

Il y a des réalisateurs que l’on suit sans le savoir. Et si vous avez Netflix, alors vous avez à coup sûr entendu parler de la série évènement The Haunting (The Haunting of Hill House et The Haunting of Bly Manor. Créée et réalisée par Mike Flanagan, cinéaste de l’ombre d’une longue liste de films.

Mike Flanagan n’a pas la prétention de révolutionner le genre fantastico-horrifique, qui, pour certains, rime avec sang, tueur et peur. Pour le réalisateur américain, tout est lié à l’onirisme, et tout est semblable à un doux cauchemar éveillé. On retrouve dans son style, des influences de Tim Burton, de Guillermo Del Toro et de Juan Antonio Bayona, bien qu’il ne cesse d’apporter sa touche personnelle, en faisant se cotoyer poésie et romantisme. Avec ses mises en scènes et ses plans séquences à en inspirer plus d’un, il est aujourd’hui une figure incontournable du septième art, dans lequel il excelle, notamment avec la suite de Shining, Doctor Sleep, sorti en 2019.

À partir de
22,62€
En stock
Acheter sur Fnac.com

Flanagan aime également recycler ses acteurs, et, comme on le sait bien, quand un acteur est prêt à tourner plusieurs fois avec un réalisateur, ça ne peut être que bon signe. Sa femme Kate Siegel est bien évidemment en première ligne dans la majorité de ses projets. On retrouve également Henry Thomas (Elliot dans E.T. !), Carla Gugino, Victoria Pedretti, Samantha Sloyan, Elizabeth Reaser, Olivier-Jackson Cohen et bien d’autres. Tous sont présents dans au moins deux de ses projets, si ce n’est plus. Une équipe d’acteurs formidables que l’on retrouve pour la plupart dans la série The Haunting.

The Mirror (2013)

Premier succès reconnu de Mike Flanagan, ce projet était en préparation depuis 2006, avec le court métrage et préquel, Oculus : Chapter 3 – The man with the Plan. Ce n’est que 7 ans plus tard que la version longue voit le jour, grâce au film The Mirror et ça valait le coup d’attendre.

Une sœur et son frère se retrouvent dans la maison où sont morts leurs parents des années plus tôt. Convaincus que le miroir qu’ils avaient acheté en est le responsable, ils décident de faire des expériences, et d’en sortir les esprits les plus maléfiques. Un huit clos surprenant, où le miroir, aussi magnifique qu’intriguant, devient un personnage à part entière. D’un esthétisme ultra léché, se dégage de cette fable comme une sensation de légèreté face à l’atrocité des événements.

Pas un bruit (2016)

Tout comme l’excellent Sans un bruit (2018), avec un titre étrangement similaire, le film joue sur nos nerfs et nos sens. Un huit clos d’une efficacité redoutable, où finalement la simplicité l’emporte sur la démesure et la surenchère souvent présente dans ce genre de film.

L’héroïne, sourde et muette est en proie à un dangereux et sadique psychopathe qui n’a visiblement rien d’autre à faire un samedi soir que d’effrayer les jeunes femmes seules et isolées au beau milieu de la nature. On dit souvent que lorsque l’un de nos sens est moindre, les autres sont décuplés et prennent le dessus. Il n’en faut pas moins à notre héroïne pour nous le prouver, dans ce thriller haletant, sur fond de bruits ambiants où seul le souffle de la survie résonne comme une évidence.

Ne t’endors pas (2016)

Après la perte de leur enfant, un couple s’est décidé à en adopter un autre. Cody arrive alors dans sa nouvelle maison, étant traumatisé par un passé qu’il refuse d’affronter. Son esprit s’évade et se transforme en fantaisie onirique, rendant réels ses rêves les plus doux. Mais la frontière entre rêve et cauchemar étant très fine, lorsque ceux-ci se présentent au jeune enfant ils prennent également vie et se confondent avec la réalité.

Plongé dans un monde aussi merveilleux que ténébreux et rempli de poésie et d’enchantement baroque, ce conte, porté par l’excellent et attachant Jacob Tremblay, a tout d’une histoire à raconter le soir avant de s’endormir.

Ouija 2, les origines (2016)

Ouija 2, les origines, c’est le préquel de Ouija sorti en 2015. Le film se déroule dans la même maison que son prédécesseur, mais 50 ans avant. Une mère et ses deux filles arrondissent leurs fins de mois en montant une imposture des plus classiques : se faire passer pour des médiums. Mais lorsque le faux esprit invoqué se manifeste pour de vrai, l’arnaque tourne au cauchemar et la famille va devoir surmonter la terreur pour sauver l’une des fillettes sous l’emprise du malin.

L’ambiance est maintenue et la photographie est tout aussi travaillée. Les réponses que l’on attendait à la fin du premier sont dévoilées dans ce volume portant sur les origines.

Jessie (2017)

JessieGerald’s Game en anglais, est l’adaptation du roman éponyme de Stephen King (1992). Le jeu est simple : Gérald et Jessie décident de pimenter leur vie sexuelle en s’adonnant au bondage dans sa forme la plus simple. Jessie est donc attachée au lit par des menottes. Jusque-là, rien d’anormal. Mais lorsque son mari fait une crise cardiaque, elle est livrée à elle-même, seule, sans clef, ni issue. Commence alors une douce descente vers la mort qui l’attend en se remémorant sa vie passée.

Un huit clos où les cauchemars du passé et les phobies font ressurgir une terrifiante exploration de l’esprit et une force insoupçonnée pour s’en sortir.

À partir de
9,70€
En stock
Acheter sur Fnac.com

The Haunting of Hill House (2018)

Librement inspirée du livre La Maison hantée de Shirley Jackson (1953) et adapté au cinéma dans La maison du diable de Robert Wise (1963), puis dans Hantise de Jan De Bont (1999), The Haunting of Hill House s’offre pour la première fois une série de 10 épisodes d’une heure chacun. De quoi développer chaque personnage très singulier en nous en mettant plein la vue avec une mise en scène irréprochable.

La famille Crain s’installe à Hill House, en vue de retaper la maison et de la revendre, pendant les vacances d’été. Mais cette maison a bien des choses à raconter, et les enfants comme les parents, vont tour à tour subir malgré eux l’influence fantomatique de ses habitants. On les suit de leur enfance en flashback à leur vie d’adulte dans cette série magnifiquement interprétée et tournée – le final de l’épisode 5 et le travelling de l’épisode 6 étant à couper le souffle. La magie opère dès le premier épisode, l’intrigue monte crescendo et peut en laisser certains sur leur faim dans le final, mais si même Stephen King, le maître du genre, le félicite pour l’adaptation d’une œuvre qui n’est pas la sienne… nous ne voyons rien d’autre à ajouter.

The Haunting of Bly Manor (2020)

Également inspirée d’un roman, Le Tour d’écrou de Henry James (1898), cette saison 2 qui se regarde indépendamment de la première, s’apparente plus à un conte amoureux qu’à une histoire de fantômes. Et pourtant des fantômes il y en a pleins, dissimulés dans les quatre coins du manoir, mais contrairement à la première saison, on ne retrouve pas le fond horrifique de l’histoire qui nous intéresse. Ce n’est que dans le huitième et avant-dernier épisode que l’on comprendra leurs significations et l’importance de leur position dans une fin de série magnifiquement filmée en noir et blanc, porteuse d’une poésie fracassante.

Si le dernier épisode de Hill House, divisait les cœurs, le dernier de Bly Manor, les rassemblera de nouveau dans un final bouleversant, et l’on aura qu’une envie, revoir instantanément l’épisode un afin de mieux comprendre et identifier tous les personnages de cette fable onirique sur fond d’amour inconditionnel et de sacrifices. Une saison Perfectly splendid.

Sermons de minuit (2020)

Toujours sur la plateforme Netflix qui ne refuse rien à Mike Flanagan, c’est cette fois dans les tréfond de l’Amérique croyante qu’il a décidé de manipuler ses pairs. Pas de créature fantastique, ni de jump scare dans cette nouvelle mini-série, mais de l’effroi à un autre niveau. Sermons de minuit (midnight mass), tranche dans le vif, celui du culte de la religion.

Après une incarcération pour homicide involontaire, Riley retourne au bercail, retrouver sa famille et sa communauté, sur l’ile de Crockett Island. Lui qui a perdu le peu de foi qui l’animait en prison, va devoir réajuster son point de vue. D’autant plus que sur cette ile, beaucoup de phénomènes non expliqués commencent à poser des questions. Ce sera au nouveau prêtre de l’ile, Paul Hill (Hamish Linklater, nouveau venu dans la filmographie de Mike), de relancer l’élan communautaire en réinjectant une foi sans faille en chacun de ses disciples. Une série étonnante et intrigante au plus haut point, avec un final phénoménal. Cette fois, la magnificence de cette œuvre ne vient pas que de la mise en scène mais de la qualité narrative, jamais un projet de Flanagan n’aura été aussi éloquent.

The Midnight Club (2022)

Ilonka, jeune fille de 17 ans diagnostiquée d’un cancer en phase terminale décide d’intégrer le centre de soins palliatifs de Brightcliffe. Dans cet hôpital réservé aux adolescents elle fait la rencontre de sept autres patients, eux aussi proche de la mort. Toutes les nuits, les jeunes se retrouvent dans la bibliothèque et forment le Midnight Club, se partageant des histoires effrayantes menant à une promesse : celui qui meurt en premier devra, s’il le peut, faire un signe au club.

Une série encore et toujours très bien réalisée, au concept intrigant et accrocheur.

La Chute de la maison Usher (2023)

Adaptation libre de la nouvelle éponyme d’Edgar Allan Poe, La Chute de la maison Usher propose une intrigue habilement structurée. Parsemé de flashback, le récit revient sur la famille Usher, en charge de la société pharmaceutique Fortunato Pharmaceuticals, et sur la chute, mortelle, de celle-ci.

En abordant les thèmes de la succession, de la morale et du pouvoir, cette nouvelle série signée Flanagan remet au goût du jour, d’une main de maître, l’histoire de l’écrivain américain du 19e siècle.

The Life of Chuck (2025)

Pour ceux qui en demandent encore, Mike Flanagan arrive en salles ce 11 juin 2025, avec son nouveau long-métrage en date : The Life of Chuck, nouvelle adaptation d’un roman de Stephen King. Au centre de l’affiche, Tom Hiddleston, dans le rôle de Chuck. Un très beau film qui relate en trois chapitres de la vie extraordinaire d’un homme ordinaire.

Article rédigé par
Sélection de produits