
Inspirée et inspirante, Léonie Pernet l’est définitivement. Dans son nouvel album « Poèmes Pulvérisés » (sortie le 6 juin 2025), la jeune multi-instrumentiste poursuit une route singulière entre musique électronique, chanson, poésie et sa pop avant-gardiste unique. Onze titres qui confirment le talent de cette musicienne pas comme les autres.
Il y avait Crave en 2018, son premier LP. Trois ans plus tard, Léonie Pernet revenait stimuler nos tympans avec son Cirque de Consolation. Une pochette énigmatique, pas vraiment dans les codes graphiques du moment et un disque plein de surprises. Des sons venus de loin, de textures inhabituelles, des titres intrigants aux paroles subtiles, des arrangements audacieux. On pouvait passer d’un truc aux frontières de la musique concrète (Vowel) à des quasi-bangers electro-indie-rock (Mon Amour Tu Bois Trop, Missing Love).
Ce genre d’album nourri, sculpté, aussi singulier que captivant. Un album qu’il fallait écouter avec attention pour en prendre la mesure. Ecouter sans a priori pour en savourer les bons mots. Puis réécouter encore et encore pour en capter ces milles petites choses mises en orbite par cette native de Châlons-En-Champagne qui semble avoir envie d’autres horizons que les vignes de la région.
Des projets éclectiques
Des débuts professionnels il y a une petite dizaine d’années, lauréate du prix Joséphine en 2021… On a vu Léonie Pernet aux cotés de pas mal d’artistes de différentes sphères, confortant cette idée d’une musicienne privilégiant la qualité au rendement. Vous aviez peut-être croisé son nom au générique de H24, une série manifeste autour des violences faites aux femmes diffusée sur Arte dont elle a réalisé la bande-son.
Cette année, la revoici avec un nouvel album, Poèmes Pulvérisés, dont la sortie ce 6 juin est accompagnée d’un magnifique premier single, Réparer Le Monde.
Un nouvel album bluffant
La musicienne a été formée aux percussions classiques et au piano au fil d’un cursus en conservatoire qu’elle abandonnera pour cause de rigidité académique, se plaît-on à imaginer. Si elle se revendique quasi-autodidacte, elle pour qui l’expérimentation reste la meilleure façon d’apprendre et de faire de la musique, le passage par la case conservatoire lui procure néanmoins d’un solide bagage. Des acquis qui s’entendent dans la qualité de l’écriture, son approche de la composition, son travail harmonique et un truc qui est au centre de son travail : son habileté rythmique. Car elle est chanteuse et batteuse.
Batterie organique ou rythme digital. Textures électroniques ou pulsation tellurique empruntée à son bout d’histoire personnelle étroitement lié à l’Afrique de l’Ouest, Léonie Pernet décloisonne sa musique de manière magistrale et inspirée en construisant des canevas rythmiques non seulement généreux, mais avant tout uniques. Chose rare à l’heure où beaucoup de voix font appel à des beatmakers capable de fournir des « prods » déjà toute faites.
Quand une formule marche, tout le monde la décalque. Tout le monde sauf Léonie qui, non contente de travailler avec d’autres (en l’occurence Jean-Sylvain Le Gouic qui réalise ce nouvel album), va surtout au bout de ses idées, de ses envies de vibrations, de chansons qu’elle habille avec délicatesse d’une forme de poésie.
Une démarche qu’on retrouve avec grand plaisir dans ce Poèmes Pulvérisés qu’on a eu la chance d’écouter avant sa sortie le 6 juin 2025 et qui nous litteralement scotché.
Qu’importe les tempos utilisés, le mixage précis des différentes pistes (voix, instruments à cordes, claviers, percus, basse…) frise la perfection à chaque fois.
Les 3 minutes d’un titre comme Touareg par exemple est, en plus d’être une ode pour ce bout de Niger qui coule dans ses veines, un exemple parfait du savoir-faire de la trentenaire : groovy, profond, érudit et catchy. Léonie Pernet est de cette trempe d’artiste dont l’exigence personnelle n’enlève en rien la possibilité de pondre un titre aux accents de banger clubby.
Conscience politique, turpidudes amoureuses, acceptation de soi… Léonie Pernet chante juste et ce n’est pas qu’une histoire de solfège. Pas étonnant donc de retrouver la chanteuse publiéé par l’élégant et intrépide label In Finé. Une petite maison de disque indépendante qui depuis une quinzaine d’années s’essaye à sortir ses artistes du balisage habituel.
On souhaite à Léonie Pernet des aventures musicales aussi riches que celles de ses “collègues” de label que sont Bachar Mar-Khalifé, François &The Atlas Mountain, Rone ou encore Blick Bassy.