Miley Cyrus : comment la teen idol s’est réinventée (et imposée)

Que ce soit en chantant dans une série populaire pour adolescents, en twerkant aux côtés du chanteur controversé Robin Thicke aux VMA 2013, ou en offrant une performance étincelante sur la scène des Grammy Awards, une chose est certaine : Miley Cyrus a toujours su faire parler d’elle. Pourtant, difficile de savoir qui elle est réellement, tant la chanteuse a réussi à enfiler nombre de costumes. Au cours de sa carrière, elle est passée de personnage en personnage, reflet d’une tentative exploratoire de son identité artistique.

De la teen idol à l’icône provocatrice

En 2008, la jeune artiste de 16 ans sort son tout premier album solo, Breakout, un opus dont le titre n’a pas été choisi par hasard. « Évasion », c’est visiblement ce dont avait besoin Miley Cyrus pour se défaire de l’image trop lisse du personnage d’Hannah Montana – héroïne qu’elle interprètera jusqu’en 2011 sur la chaîne Disney Channel.

Cette première tentative d’émancipation s’avère quelque peu timide, avec un album majoritairement porté par des titres pop-rock adolescents, à l’instar de 7 Things, ode douce-amère destinée à un ex petit-ami. Si Miley aspire à reprendre le contrôle de son image, l’ombre d’Hannah Montana semble encore planer au-dessus d’elle.

Cinq ans (et trois albums anodins) plus tard paraît Bangerz, une étape fracassante dans la carrière de l’artiste. Dans ce cinquième album studio, elle brise définitivement l’image de la petite fille sage et innocente. Paroles trash, clips outranciers, attitude sexualisée : un opus aux sonorités synthpop, dance et R’n’B où la chanteuse choque autant qu’elle fascine.

Dans son célèbre Wrecking Ball, Miley se balance nue sur une boule de démolition, un choix qu’elle assume alors entièrement : « J’ai l’impression de pouvoir être moi-même. Je sais mieux qui je suis, et j’ai l’impression de pouvoir l’exprimer davantage dans ma musique. », déclare-t-elle à Billboard. À cette époque, elle revendique fièrement son image provocatrice, libre et sans filtre, affirmant le contrôle total de son corps, de son apparence et de son projet.

Néanmoins, sept ans plus tard, son regard sur cette séquence devenue emblématique changera radicalement. Dans une récente interview pour le Zach Sang Show, l’artiste confie : « C’est quelque chose qu’on ne peut pas enlever, se balancer nu sur une boule de démolition, c’est pour toujours. Une fois que vous avez fait ça, c’est pour toujours. Je ne vivrai jamais cela. Je serai toujours la fille nue sur la boule de démolition. C’est mon pire cauchemar… qu’on joue ça à mon enterrement. »

Ce qui apparaissait comme une affirmation de soi s’est peu à peu teinté de regrets. Si Miley pensait avoir trouvé le personnage qu’elle souhaitait incarner, cette phase ultra-provocatrice s’est visiblement révélée de trop. Une leçon qu’elle retiendra pour la réalisation de ses futurs projets.

Vers un chapitre plus introspectif

Après le passage explosif de Bangerz, place à un épisode plus calme avec Younger Now en 2017. Cet opus country-pop s’apparente à un retour aux sources, hommage aux racines de l’artiste, à son Tennesse natal et à sa marraine, la chanteuse Dolly Parton.

Dans cet album, Miley traite de sujets plus légers et intimes, comme le titre homonyme Younger Now dans lequel la jeune femme, dans un décor vintage, coloré et chaleureux, explore la thématique de l’acceptation du changement, écho à son propre parcours au sein de la sphère musicale.

Perçu comme une forme de régression par certains, Miley y voit une acceptation de qui elle est aujourd’hui, sans pour autant renier son passé, comme elle le confie au NME : « Je pense que de petites parties de tout ce que j’ai été dans ma vie commencent à apparaître dans cette sorte d’ère de la musique que je fais, parce que je peux vraiment embrasser ce que j’ai été avant plutôt que d’essayer de m’en éloigner. »

Une acceptation qui s’affirme dans Plastic Hearts, sorti en 2020. Son septième album studio aborde une esthétique glam-rock, en parfaite adéquation avec sa voix rauque dont elle fait ressortir toute la puissance. Dans Midnight Sky, elle enfile gants cloutés et robes à paillettes colorées – apparaissant étonnamment une nouvelle fois en tenue d’Ève – dans un titre ultra-glamour, définitivement à l’image de sa confiance renouvelée.

Dans une interview pour Apple Music, la chanteuse évoque l’idée d’un « masque qui lui va bien », preuve que cette nouvelle expression d’elle-même semble pleinement lui correspondre, après sa profonde quête d’identité artistique. Une quête qui s’avère toujours d’actualité.

Miley Cyrus, une artiste en perpétuelle réinvention ?

Depuis son tout premier album studio, Miley n’a cessé de surprendre son public, c’est un fait. En 2023, elle sort Endless Summer Vacation, un opus qui laisse éclore une facette apaisée de l’artiste, comme dans son célèbre tube Flowers, ce morceau qui a rythmé l’été 2023 – lui valant son premier Grammy Award l’année suivante.

Au placard le cuir noir et le rouge à lèvres vif, place à une certaine forme de sobriété, saupoudrée d’un brin de folie – Miley reste Miley. Dans le clip de Flowers, elle clame haut et fort son indépendance, prouvant à qui veut l’entendre qu’elle n’a besoin de personne pour s’offrir un bouquet de fleurs.

Si certains devinent à travers le morceau une réponse évidente à son ex-mari Liam Hemsworth, Miley y perçoit une synthèse de tout ce qu’elle a traversé : « Je n’effacerais pas mon histoire et je ne voudrais pas qu’elle soit effacée. Avoir une vie intéressante permet de raconter des histoires intéressantes. Je fais des choix dont je suis fière et qui me protègent. », déclare-t-elle au British Vogue.

Ainsi, son dernier album qui sort ce 30 mai 2025, Something Beautiful, s’annonce déjà comme une œuvre à part. Un opus pop et conceptuel dans lequel les visuels auront une place primordiale.

En effet, ce qu’elle souhaite, c’est créer une esthétique autour des thématiques qu’elle aborde, sublimer les sujets qu’elle traite, faire ressortir la beauté de ses titres : « Ce sont les visuels [de mon album] qui ont mené tout le reste. Il était important pour moi que chaque chanson ait des propriétés de guérison. Les chansons, qu’elles parlent de destruction, de chagrin d’amour ou de mort, sont présentées de manière à être belles, parce que les moments les plus difficiles de notre vie ont aussi une part de beauté. […] Il n’y a pas de peinture sans reflets et sans contrastes. », confie-t-elle au Harper’s Bazaar.

Un album aux vertus de guérison ? Une chose est certaine, ce nouveau projet se révèle encore plus expérimental que les précédents, offrant à l’artiste de 33 ans une occasion nouvelle de se réinventer.