À l’occasion du mois des fiertés, célébrons les romances queer à travers ces long-métrages émouvants, loin des stéréotypes hétéronormés. De « Moonlight » au « Portrait de la jeune fille en feu », voici une sélection des plus beaux films d’amour LGBTQIA+.
Depuis les années 90, les relations amoureuses queer se sont frayées une place au sein du septième art. Une visibilité nécessaire qui permet au cinéma de s’affranchir de ses carcans hétéronormés pour s’ouvrir à des représentations réalistes et respectueuses des relations amoureuses LGBTQIA+.
Carol, Todd Haynes (2015)
À New York, dans les années 50, quand Thérèse (Rooney Mara), employée de vente, rencontre Carol (Cate Blanchett), elle ne s’attend certainement pas à ce que sa vie change autant. Enfermée dans un mariage dépourvu d’amour, la riche cliente s’éprend de la timide vendeuse. Les deux femmes devront alors composer entre conventions sociales, affection et désir, au sein de cette société fermée aux relations lesbiennes.
Récompensé de la Queer Palm et du prix d’interprétation féminine pour Rooney Mara en 2015 à Cannes, le drame romantique Carol, adapté du roman éponyme de Patricia Highsmith, traite avec justesse des relations lesbiennes. Le scénario met en avant élégamment l’amour et la liberté. On retient particulièrement la scène finale et son échange de regard, empli d’émotion, offrant un majestueux pied de nez à la morale de la société américaine conservatrice des années 50.
Le Secret de Brokeback Mountain, Ang Lee (2005)
Adapté du roman éponyme d’Annie Proulx, Le Secret de Brokeback Mountain illustre une histoire d’amour impossible entre deux hommes, Ennis del Mar (Heath Ledger) et Jack Twist (Jake Gyllenhaal). Ayant vécu une relation secrète, lorsqu’ils étaient employés à garder un troupeau de moutons à Brokeback Mountain, Ennis et Jack se retrouvent, quatre ans plus tard, bien qu’engagés respectivement chacun dans un couple hétérosexuel.
Ce long-métrage aux accents de western, réalisé par Ang Lee, met en avant avec bienveillance l’homosexualité. L’amour y transparaît dans sa forme la plus pure, et la difficulté d’assumer son penchant amoureux au sein d’une société qui y est réfractaire est traitée avec finesse. Le Secret de Brokeback Mountain sera l’un des films les plus primés de l’année 2005 – dont les Oscars du meilleur réalisateur, meilleur scénario adapté et meilleure musique – et on comprend pourquoi.
Moonlight, Barry Jenkins (2016)
Moonlight de Barry Jenkins brosse le portrait vibrant de Chiron, un jeune homme issu d’un quartier difficile de Miami. Sont décortiquées trois périodes de sa vie, permettant de mettre en lumière son parcours scolaire et familial – auquel il a dû faire face pour pouvoir vivre pleinement son homosexualité.
L’émancipation de ce jeune homme élevé par une mère accro aux drogues échappe aux clichés. Son scénario poignant et sa puissance filmique offre un regard sensible et lyrique sur le destin d’un jeune Afro-Américain homosexuel. Oscar du meilleur film en 2017, Moonlight est une œuvre bouleversante et marquante.
Call Me by Your Name, Luca Guadagnino (2017)
Considéré comme l’un des films marquants du cinéma queer, Call Me by Your Name du réalisateur italien Luca Guadagnino nous propose de suivre l’histoire d’amour estivale de Elio Perlman (Timothée Chalamet), un jeune adolescent de 17 ans, et de Oliver (Armie Hammer), un étudiant de 24 ans, durant l’été 83.
Venant parachever la Trilogie du Désir de son cinéaste (après Amore en 2009 et A Bigger Splash en 2015), Call Me by Your Name, qui a révélé le jeune Timothée Chalamet, reste controversé d’un point de vue public. Acclamé par certains pour sa mise en avant du premier amour et de l’éveil du désir, critiqué par d’autres pour ses scènes parfois dérangeantes et sa romantisation de situations délicates. On vous laisse en juger.
Portrait de la jeune fille en feu, Céline Sciamma (2019)
En 1770, Héloïse (Adèle Haenel), une jeune femme forcée d’épouser un noble milanais, refuse, en signe de contestation, de se faire tirer le portrait. Marianne (Noémie Merlant), une peintre, est alors engagée, se faisant passer pour dame de compagnie, afin de voir et mémoriser le visage d’Héloïse pour en réaliser le portrait. De ce mensonge naîtra un amour, pourtant interdit au 18e siècle.
Portrait de la jeune fille en feu est un chef-d’œuvre, signé Céline Sciamma, aux influences autant picturales que littéraires. La précision de ses dialogues, alliée au jeu sublime de ses comédiennes, l’érige en monument du cinéma LGBTQIA+ et lui vaudra d’être récompensé, en 2019, de la Queer Palme. Une puissante représentation de l’amour lesbien.
120 battements par minute
120 battements par minute rend compte d’une réalité prenant place au début des années 90. Alors que le sida poursuit son hécatombe, les militants d’Act Up Paris – une association issue de la communauté homosexuelle – multiplient les actions pour sensibiliser les communautés face à ce fléau. Dans ce groupe d’activiste se rencontrent Nathan (Arnaud Valois) et Sean (Nahuel Pérez Biscayart), un jeune homme séropositif.
Une claque de combativité émouvante sur fond d’amour naissant et voué, dès le premier instant, à disparaître. 120 battements par minute est un film puissamment politique, qui dénonce l’inaction et refuse la fatalité.
Mademoiselle, Park Chan-Wook (2016)
En Corée, dans les années 30, une riche japonaise, Hideko (Kim Min-hee), enfermée dans une immense propriété par un oncle tyrannique, se retrouve au centre d’une escroquerie. Sook-hee (Kim Tae-ri), engagée en tant que servante, obéit aux ordres d’un homme vil, se faisant passer pour un comte japonais et cherchant à obtenir la richesse de Hideko.
Dans ce long-métrage rocambolesque aux nombreux plot-twists, Park Chan-wook dessine un drame grinçant, parfois dérangeant, dans lequel l’amour féminin écrase le joug de pouvoir masculin. Scindée en trois parties, Mademoiselle tient en haleine, jusqu’à sa dernière minute.
Close, Lukas Dhont (2022)
Deux collégiens, Léo (Eden Dambrine) et Rémi (Gustav De Waele) sont amis de longue date. Au passage à l’école secondaire, les camarades de Léo lui font remarquer sa proximité avec Rémi, soupçonnant une romance entre les deux garçons. Léo, tiraillé, rejette alors son ami d’enfance, jusqu’à l’impensable.
Les deux jeunes interprètes sont sublimés par la caméra de Lukas Dhont qui saisit, le temps de ce long-métrage, les non-dits d’une relation amicale avortée par le drame. Grand prix du Festival de Cannes en 2022, Close nous étreint par ses silences paradoxalement éloquents et ses regards d’une profondeur émotionnelle rare.
Sans jamais nous connaître, Andrew Haigh (2024)
Dans un immeuble aux appartements majoritairement inoccupés, Adam (Andrew Scott), impacté par le décès de ses parents, reçoit la visite nocturne d’un mystérieux voisin, Harry (Paul Mescal). Les deux hommes créent une relation amoureuse à laquelle vient se mêler les fantômes bienveillants du passé d’Adam.
Ce drame romantique traitant du deuil et de l’amour laisse entrevoir une lueur d’espoir quant à la reconstruction d’un homme dépourvu de figures parentales. Seconde adaptation filmique du roman Strangers (1987) de Taichi Yamada, Sans jamais nous connaître a été récompensé sept fois lors du British Independent Film Awards en 2023. Un film bouleversant qu’on vous conseille de voir en compagnie d’une boîte de mouchoirs.
Laurence Anyways, Xavier Dolan (2012)
Le jour de son trentième anniversaire, Laurence, en couple avec Fred, lui révèle son besoin d’être celle qu’elle est au fond : une femme. À la suite de cette décision d’assumer pleinement son identité, dans le privé comme dans le professionnel, elle voit sa relation amoureuse bouleversée.
Ce drame signé Xavier Dolan – tout jeune réalisateur en 2012 – met en avant la transidentité de façon intime et empathique sans jamais tomber dans la caricature. Laurence Anyways bouleverse par son scénario profond et par la justesse de ses acteurs, Melvil Poupaud et Suzanne Clément, tous les deux saisissants.
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